Ravagée par les conflits armés depuis des années, la République démocratique du Congo est un État où il n’est pas bon d’être un enfant orphelin. La situation de ces enfants y est dramatique : malnutrition, violences sexuelles, enfants soldats, déplacements d’enfants…
République démocratique du Congo
Indice de concrétisation des droits de l’enfant : 4,42 sur 10
Niveau noir : situation très grave
Population : 72,5 millions
Pop. de 0 à 14 ans : 44,4 %
Espérance de vie : 50 ans
Mortalité des moins de 5 ans : 75 ‰
Principaux problèmes rencontrés par les enfants en République Démocratique du Congo:
Pauvreté
Bien qu’il soit un scandale géologique au Monde par ses richesses diverses et variées, la République Démocratique du Congo est l’un des pays le plus pauvre puisque plus de 70 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Une grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Le revenu national brut par habitant s’élève à 160 dollars par an.
Santé
Le taux de mortalité infantile en RDC est de 199‰ ce qui est extrêmement élevé et l’espérance de vie (48 ans) est l’une des plus basses enregistrées au monde.
La RDC est l’un des pays où la population est la plus touchée par le virus du Sida. Cette problématique touche directement les enfants puisque environ 930 000 enfants sont actuellement des enfants orphelins du sida. Ces enfants qui n’ont alors plus de famille se retrouvent dans les rues : ceci accroît le risque de propagation du Sida.
L’accès aux soins et notamment aux vaccinations reste problématique étant donné les faibles moyens accordés aux hôpitaux et le manque d’information de la population.
Ces lacunes ont entrainé la réapparition de la polio en RDC nécessitant la mise en place par l’Organisation Mondiale de la Santé d’une vaste campagne de vaccination pour 12 millions d’enfants de moins de 5 ans.
Éducation
L’enseignement primaire en RDC n’est pas gratuit. Les coûts de scolarité sont presque aussi élevés que le revenu par habitant, de ce fait très peu d’enfants sont scolarisés.
Enfants soldats
Les conflits qui ont lieu en RDC affectent principalement les enfants qui en sont les premières victimes.
Les conflits persistants en RDC ont entrainé le recrutement d’enfants dans des groupes armés. Ces enfants congolais sont souvent capturés à la suite du meurtre de leurs parents par ces groupes armés puis envoyés dans des camps, où ils sont formés au maniement des armes. Ils deviennent ainsi des enfants soldats devant commettre des crimes contre la population et parfois même contre leur famille.
Environ 35% des combattants présents en RDC sont des enfants. Pour ces enfants, la seule éducation qu’ils reçoivent est issue de la guerre, milieu violent, dangereux et sanglant. Leurs perspectives d’avenir en sont alors gravement affectées.
Violences sexuelles
L’une des conséquences dramatiques des conflits armés en RDC est la pratique aujourd’hui banalisée du viol que ce soit envers les femmes, les enfants ou encore les hommes. La pratique des violences sexuelles dans ce conflit armé se distingue des autres crimes par son ampleur et sa cruauté.
L’ONU a notamment précisé que le viol était aujourd’hui considéré comme une arme de guerre. En effet, les viols sont utilisés en RDC comme une arme de destruction des populations.
Les enfants congolais sont particulièrement touchés par ce fléau par les groupes armés. En 2009, plus de 150 000 cas de violences sexuelles ont été signalés et plus de la moitié d’entre eux concernent des victimes âgées de moins de 18 ans.
Les enfants sont traumatisés par ces viols épouvantables mais peu de structures sanitaires et juridiques sont mises en places. Cette absence de structure empêchent les enfants de dénoncer ces actes et d’obtenir réparation.
Ces viols qui entraînent des traumatismes émotionnels et psychologiques, engendrent également le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles mais aussi des grossesses non désirées.
En plus d’être victimes de violences sexuelles, les jeunes filles peuvent être contraintes à se prostituer ou encore à se marier.
Déplacement d’enfants
Pendant les conflits, les enfants qui en sont les premières victimes se voient contraints de se déplacer afin d’éviter l’enrôlement dans les groupes armés ou encore les violences exercées par ces derniers.
Ces déplacements forcés empêchent les enfants d’avoir une alimentation correcte, et d’accéder à l’éducation. Ils deviennent alors vulnérables à la malnutrition et aux maladies.
Enfants des rues
Cette problématique est principalement localisée à Kinshasa (capitale de la RDC). Toutefois, les enfants des rues sont également présents dans toutes les autres régions de la RDC.
Le nombre d’enfants des rues est estimé aujourd’hui à 70 000, ceci révélant la situation dramatique dans laquelle ces derniers vivent.
L’âge moyen de ces enfants est de 12 ans et une partie croissante d’entre eux se retrouvent dans cette situation car ils sont désignés comme étant des enfants sorciers.
Enfants Sorciers
La sorcellerie présente en RDC conduit parfois les parents à chasser leurs enfants de chez eux. En effet, dès lors que l’enfant montre des « symptômes de comportements étranges » (sommeil agité, petite taille, appétit) et qu’une autorité spirituelle a confirmé qu’il était un sorcier, alors il est violenté et chassé de chez lui.
Une fois chassés, les enfants sont alors livrés à eux mêmes et doivent donc travailler, mendier ou se prostituer.
Travail des Enfants
Les frais de scolarité étant bien souvent excessifs pour les parents, ces derniers emmènent parfois leurs enfants travailler avec eux. L’enfant joue alors un rôle économique important pour sa famille, car les salaires sont si bas qu’ils ne permettent pas de nourrir une famille.
Les enfants sont alors contraints de passer leur journée dans les décharges de minerais du pays afin de ramasser du gravier ou encore du cuivre.
Ce travail nécessaire pour leur assurer un minimum alimentaire vital enfreint l’article 32 de la Convention des Droits de l’Enfant proclamant la protection des enfants de l’exploitation économique.
Témoignages d’enfants
«Lorsqu’ils sont venus dans mon village, ils ont demandé à mon grand frère s’il était prêt à rejoindre la milice. Il avait tout juste 17 ans et il a dit non ; ils lui ont tiré une balle dans la tête. Ensuite ils m’ont demandé si je voulais m’engager, alors qu’est-ce que je pouvais faire – je ne voulais pas mourir.»
Un ancien enfant soldat enlevé à l’âge de 13 ans. Amnesty International
«Je suis un ancien enfant soldat démobilisé en 2002 par l’ONG Bureau pour le volontariat au service de l’enfance et de la santé (BVES).
C’était en 1999, dans la cité d’Uvira (territoire d’Uvira) province du Sud-Kivu, j’avais 14 ans, quand j’ai été forcé à prendre les armes par le rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Ensuite, j’ai été enrôlé dans la défense locale et là, nous avons beaucoup souffert. Aujourd’hui, après la démobilisation et la réinsertion scolaire, j’ai obtenu ma licence en sociologie et je suis actuellement le chef de centre au Bureau pour le Volontariat au service de l’Enfance et de la Santé.»
Papy C., ancien enfant soldat